Les 25 "sages"
Samedi après-midi, j'ai rencontré 25 sages - une expérience révélatrice, un grand moment d'inspiration et de lucidité.
Je fus tout d'abord, absourdie par la puissance sonores de leur présence : je me trouvais face à 25 pious pious de 10 ans, hurlant de bonheur de se retrouver un samedi après-midi pour fêter les 10 ans de ma filleule. Ma première tentation fut la fuite. Mais voilà, j'avais promis à Mademoiselle 10 ans de venir voir le magicien de son "anniversaire de 10 ans". A cet âge là on aime afficher fièrement le compteur. Prise au piège de cette fête infernale, je me mis à les observer en cherchant à comprendre comment des êtres de si petites tailles pouvaient faire plus de bruit qu'un Boeing au décollage.
Je fus frappée par leur intensité, leur dévouement total à l'instant présent, leur immersion complète dans le délire du moment et leur capacité à passer à autre chose en un éclair : pas de tergiversations, pas d'hésitations, pas d'atermoiements. Ils foncent : pas de regrets, pas de questions, pas de passé pas de futur - c'est ici et maintenant que cela se passe. Ce fût ma première révélation - ne pas poursuivre 32 idées à la fois, ne pas multiplier les projets, ne pas perdre son temps à tout décortiquer, analyser : se concentrer sur une chose à la fois, un objectif, un rêve, un délire. Et surtout ne pas regarder en arrière, ni trop au loin.
Quelques heures plus tard, il ne reste plus que 4 petites filles invitées "pour rester dormir". Le clan des 4 jacasse, cause, et piaille. Je tends l'oreille : des histoires à faire pâlir d'envie les scénaristes de "Dallas". Il est question de Noémie qui a fait un sale coup à Léa, et de Léa qui a reçu une nouvelle Nitendo rose, le jour même où elle avait cassé l'autre, et de Sophie qui avait dénoncé Jeanne et même que c'était pas de la faute à Jeanne mais de Zoé... J'abandonne.
Une des 4 petites vient s'asseoir près de moi. Elle ne veut plus jouer avec les autres, elles se sont disputées. Je lui demande la raison de la rupture du clan : elle me réponds que c'est toujours pareil lorsque les filles parlent des autres filles et d'une petite voix ajoute "et bien ça finit toujours mal quand on parle des autres et on finit par se disputer". Et je m'entends lui dire : "Tu as déjà vu Bambi ?" - "Tu te souviens de Panpan le Lapin ? Et tu te souviens ce que disait sa maman ? : Panpan, si tu n'as rien de gentil à dire sur les autres - Ne dis rien".
Je devrais m'en souvenir plus souvent de cette maxime. Parfois, la lumière vient des jeux des enfants.